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SCÈNE IV.


LE MARQUIS, M. DE MATTA, MERVILLE, DELPHINE.


MATTA.

C’est lui.Puisqu’ici je ne trouve personne
Pour m’annoncer, allons, j’entre tout bonnement.

LE MARQUIS.

Ah ! c’est vous ?

MERVILLE à part.

Ah ! c’est vous ?Quel ennui !

MATTA.

Ah ! c’est vous ? Quel ennui !Dans mon empressement
Je venais sans détour vous parler de l’affaire
Où j’ai, sans le vouloir, excité la colère
D’un homme que j’estime, et qui doit franchement
M’expliquer les motifs de son ressentiment ;
Car je veux être un sot, si dans cette aventure,
Je devine comment j’ai pu vous faire injure.

LE MARQUIS.

Quoi ! sur ce différent vous voulez revenir ?
Ah ! ma foi, j’en avais perdu le souvenir :
Certain de n’avoir dit en cette circonstance
Aucun mot dont parfois l’amour-propre s’offense,
J’attendais en repos qu’ici le Chevalier
Vînt m’apprendre la fin du courroux singulier
Où je vous vis hier, et qui, soit dit sans feinte,
M’a sur votre raison inspiré quelque crainte.

MATTA.

Moi, j’étais fort tranquille, et Grammont sait très-bien
Qu’à votre humeur d abord je ne comprenais rien ;
Mais puisqu’il l’avait vue, il fallait bien y croire,
Et c’est pourquoi je viens…