Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une vive agitation. Athénaïs interpréta ce trouble mieux qu’il ne le méritait, et l’augmenta par des mots enchanteurs.

— Arrivez donc ! s’écria le général en voyant entrer mon maître, venez recevoir les remercîments de cet ange de bonté, qui a voulu braver les fatigues d’un dangereux voyage, pour partager les soins dont vous me comblez. Ah ! si j’avais pu la soupçonner capable d’une démarche si imprudente, je m’y serais bien opposé : mais, puisqu’elle est si heureusement faite, je n’ai pas la générosité de m’en plaindre.

— Je sais, monsieur, dit Athénaïs d’une voix émue, tout ce que nous devons à vos soins, et je regrette de ne pouvoir vous en exprimer toute ma reconnaissance.

— C’est un brave jeune homme, interrompit le major en serrant cordialement la main de mon maître, et ce qu’il fera de bien ne m’étonnera jamais.

Gustave répondit de son mieux à tous ces compliments, et il y mit fin en demandant au major comment un homme aussi raisonnable que lui avait pu consentir à exposer madame de Verseuil à tous les périls d’une route faite à travers les armées.

— Ah ! vraiment, vous la connaissez bien, répondit-il, si vous croyez qu’un avis raisonnable l’aurait empêchée de partir : votre courrier nous avait à peine donné la nouvelle de la blessure du général, que madame était déjà en voiture.

— Il n’y a rien là d’étonnant, dit Athénaïs en regardant Gustave, les occasions de se dévouer aux gens qu’on aime sont si rares, qu’on ne doit pas les laisser échapper.

— Bien mieux, reprit le major, si je n’avais pas trouvé à confier mon commandement à quelqu’un de sûr, madame partait seule avec sa femme de chambre, en dépit des supplications de la pauvre madame d’Olbiac, que son rhumatisme forçait à rester à Nice ; et le ciel sait ce qui serait advenu de cette belle résolution. Enfin, grâce au courrier qui nous a servi de guide, nous ne nous en sommes pas mal tirés mais ce n’est qu’arrivés à Plaisance, où l’on nous a donné des nouvelles du général, que sa femme a cessé de se persuader qu’elle le trouverait mort. Je proposais d’aller en avant pour lui rapporter des nouvelles positives ; à cela, madame de Ver-