d’elle un généreux pardon, Gustave se trouva en état d’accompagner son général, et nous arrivâmes bientôt aux portes de Pavie.
Avant d’y parvenir, il nous fallut passer à travers un nuage de fumée, sur les cendres de Binasco, dont quelques maisons brûlaient encore. Ému de cet affreux spectacle, et voulant épargner le même sort à la ville de Pavie, Bonaparte fit répandre la proclamation suivante :
« Une multitude égarée, sans moyens réels de résistance, se porte aux derniers excès dans plusieurs communes, méconnaît la République, et brave l’armée triomphante de plusieurs rois ; ce délire inconcevable est digne de pitié : l’on égare ce peuple pour le conduire à sa perte. Le général en chef, fidèle aux principes qu’a adoptés la nation française, qui ne fait point la guerre aux peuples, veut bien laisser une porte ouverte au repentir ; mais ceux qui, sous vingt-quatre heures, n’auront pas posé les armes, et n’auront pas prêté de nouveau serment d’obéissance à la République, seront traités comme rebelles ; leurs villages seront brûlés. Que l’exemple terrible de Binasco leur fasse ouvrir les yeux ! Son sort sera celui de toutes les villes et villages qui s’obstineront à la révolte. »
Cette proclamation menaçante fut en vain présentée par l’archevêque de Milan aux autorités de Pavie. Les révoltés persistèrent, et Bonaparte se vit contraint à commencer l’attaque. Voici comme il rend compte lui-même de cette affaire :
« Je me portai à la pointe du jour sur Pavie ; les avant-postes des rebelles furent culbutés. La ville paraissait garnie de beaucoup de monde, et en état de défense. Le château avait été pris, et nos troupes faites prisonnières. Je fis avancer l’artillerie, et, après quelques coups de canon, je sommai ces misérables de mettre bas les armes, et d’avoir recours à la générosité française. Ils répondirent que, tant que Pavie aurait des murailles, ils ne se rendraient pas. Le général Dammartin fit placer de suite le sixième bataillon de grenadiers, en colonne serrée, la hache à la main, avec deux pièces de huit en tête. Les portes furent enfoncées ; cette foule immense se dispersa, se réfugia dans les caves et sur les toits,