honnête homme ; j’étais bien sûr que vous n’en pouviez commettre d’autres.
— Je voudrais en vain me justifier par les excuses que ton bon cœur me fournit ; mais je sens trop qu’aucune de ces nobles considérations ne m’a retenu. Il fallait la fuir, la perdra à jamais ; convenir aux yeux du monde entier que j’avais fait un choix méprisable ; voir mes amis, ma mère s’enorgueillir d’avoir prédit ma honte ; et voilà le fantôme qui m’a glacé d’effroi.
— Eh bien, laissez à votre mère le soin de vous défendre contre ce vain fantôme.
— Je ne saurais, te dis-je ; car alors même qu’elle triompherait de mon sot orgueil, elle échouerait devant l’honneur qui m’ordonne de remplir mon serment.
— Madame de Verseuil a-t-elle été fidèle au sien ?
— Non : mais tu l’as dit ; je ne puis l’abandonner sans la perdre, et j’attendrai, pour m’en séparer, que je sois quitte avec elle.
— Sous quels auspices, grands dieux, formerez-vous cette union ?
— Sous l’influence de cette fatalité qui n’a jamais cessé de me poursuivre.
— Du moins, n’ajoutez pas à tant de maux le regret d’affliger votre mère.
— Qu’elle me pardonne mon malheur, qu’elle respecte ma résolution, mes engagements, et ma vie entière sera consacrée à la consoler de mes peines.
— Elle n’a point perdu son fils, m’écriai-je en pleurant de joie, et j’ai retrouvé le meilleur des maîtres.
Une visite interrompit cet entretien au moment où j’allais déterminer Gustave à descendre chez sa mère ; je maudis l’importun qui retardait une explication dont j’attendais un heureux résultat. Voyant que mon maître se disposait à sortir avec la personne qu’il venait de recevoir, je me rendis chez madame de Révanne, et sans savoir un mot de ce que j’oserais lui dire, je demandai à lui parler.
Louise vint m’annoncer que je ne pouvais entrer chez sa maîtresse, qu’elle était avec M. de Saumery et M. de Léon-