Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/330

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trant la bague, et cette petite fleur en turquoises devait vous faire un mal affreux si près de votre blessure.

— Ciel ! s’écria Gustave, je la reconnais : c’est la bague que j’ai donnée à Lydie le jour où… Mais je me trompe peut-être, regarde… Son chiffre et le mien doivent être gravés sous la fleur.

Les chiffres s’y trouvaient, et ce talisman ne me laissa plus aucun doute sur le nom du fantôme. Je devinai sans peine que sa jolie main, maigrie par la souffrance, avait laissé échapper cet anneau au moment où Gustave la pressait tendrement sur son sein.

Avec le souvenir de son premier bonheur, Gustave semblait avoir retrouvé la vie et l’espérance. Il me demandait comment cet anneau lui avait été rendu, se rappelait confusément d’avoir cru voir sa mère, de lui avoir parlé, et je n’osais répondre à aucune de ses questions, tant j’avais peur de détruire une illusion nécessaire à son repos ; mais il était impossible de le tromper long temps sur l’état de madame de Révanne, une maladie grave pouvait seule la retenir loin de son fils quand il était blessé, et son imagination allant jusqu’à la supposer morte, nous fûmes contraints de lui avouer la vérité pour l’empêcher de se livrer à tout l’excès du désespoir. Malgré sa faiblesse et la défense du chirurgien, il voulait qu’on le portât dans la chambre de sa mère. Nous ne savions comment modérer son inquiétude. Cependant madame de Révanne, se trouvait mieux, et je pensai à chercher quelque moyen d’en convaincre son fils ; le hasard m’en fournit un excellent Gustave m’envoyait à chaque instant chez elle pour lui en rapporter des nouvelles. Mais quelle que fût ma réponse, il la recevait d’un air fort incrédule ; j’avais beau lui répéter que de son rétablissement dépendait celui de sa mère, qu’elle lui ordonnait de se calmer, d’attendre plus patiemment le jour où il pourrait la voir ; il ne m’écoutait point. Offensé de son peu de confiance en mes paroles, je priai Louise de me faire entrer dans la chambre de sa maîtresse pour lui peindre l’inquiétude continuelle de Gustave, et la supplier de trouver un moyen de la calmer.

Vous serez bien reçu, me dit Louise d’un air riant que je