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LES MALHEURS
d’un
AMANT HEUREUX




Un valet veut tout voir, voit tout, et sait son maître,

Comme à l’observatoire un savant sait les cieux.
Piron, Métrom, acte II.


I


Les malheurs d’un amant heureux ! voilà, certes, un titre qui n’a pas le sens commun j’en conviens ; cependant je ne suis pas en peine de le justifier. Chacun sait que dans le langage amoureux (qu’on peut à bon droit nommer la langue universelle), amant heureux ne veut dire autre chose qu’amant aimé. J’en atteste tous les lecteurs de romans, depuis Don Quichotte jusqu’à ma Tante Aurore. Malgré le beau sentiment qui a rendu ces deux mots synonymes, j’ai voulu prouver que, dans le siècle où nous sommes, le bonheur d’être aimé est souvent payé plus cher qu’il ne vaut, et j’ai pensé que ce serait un véritable service à rendre aux jeunes gens qui se destinent à l’état d’amant heureux, que de leur en faire connaître d’avance les charges avec les bénéfices. C’est dans ce but d’utilité publique que je me suis déterminé à écrire, bien ou mal, les aventures de mon maître, en me