oreilles et grogna plus fort. Puis, d’un bond, il s’élança sur l’homme.
Le coup partit interrompant son élan. Le fauve tomba raide mort.
Sans même lui jeter un regard, Bragance alla au cadavre de son cheval. Le corps était déchiqueté par endroits. Mais, en se penchant pour reprendre sa selle et son bagage, il remarqua que le dos et le cou de la monture étaient intacts.
C’était étrange ! D’habitude le jaguar saute sur le dos de sa victime, la griffe et la mord au cou.
Rêveur, il retourna vers la maison. La fenêtre était entr’ouverte. Deux voix se faisaient entendre.
Dominguez paraissait fou de colère :
— Cet homme, tu le connais, tu l’as fait venir ?
Dédaigneuse, la femme répondait :
— Je t’ai dit ce que j’avais à dire. Je ne l’ai jamais vu.
— Tu l’as bien regardé, en tout cas. Il n’a pas l’air de te déplaire.
— Et si cela était ?
— Prends garde, je te tuerai !
— Un meurtre de plus ne te ferait certainement pas peur !
— Tais-toi !
— Et Preston ? Et Bordier ? Tu les as utilisés pour chercher le trésor qu’en l’an 1500 le fameux Ocampo avait obtenu en torturant les Indiens qui vivaient dans les llanos.
— Tu sais beaucoup trop de choses.
— Je sais aussi que la légende veut qu’il se soit fait enterrer avec, non loin de l’étang noir. Et l’histoire du puits que tu creuses depuis si longtemps ne m’a jamais abusée. Si tu crois au trésor, j’y crois aussi, et c’est peut-être pour cela que je te supporte après tout…
Il y eut un silence, un silence épais, dangereux.
— Tu avais besoin de Preston et de Bordier. Mais ils m’aimaient tous deux. Tour à tour, ils ont disparu.