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QUAND LA DUNE PARLA

On entre par un col rocheux et c’est comme si l’on tombait tout à coup dans un autre monde.

Taghit, petit village kabyle, couleur d’or vieilli s’accroche aux dunes blondes.

Dans le fond, à perte de vue, l’Erg, la mer de sable, figée, au modelé éternel.

Ce qui m’émerveillait le plus, c’était ce sable que je devinais tiède et doux…

Aussi, sans plus penser qu’on m’attendait, je m’assis au bord de l’Erg, incompréhensiblement lumineux, qui semblait avoir gardé un peu de l’ardeur solaire. Et je demeurai là sur le sable, écoutant la dune frémir et geindre.

Car la dune parle.

Sous la pression des pas, sous l’influence des changements de température, sous le souffle du vent, sa voix mystérieuse et profonde, celle de Roul, le djinn qui égare les voyageurs, se fait entendre.

Et ce soir, pour moi seulement, la dune parla…

La nuit était tombée déjà.

Une ombre s’approcha. Je reconnus un spahi, un officier tout jeune encore. En arabe, il me lança une salutation traditionnelle à laquelle je répondis également en arabe.