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LA LOI DU SUD

de sa bête sur le sable. Il marchait en tête, tantôt à cheval, tantôt à pied, tenant sa monture par la bride, le regard rivé au sol. Derrière lui, Séguin, attentif, suivi de ses hommes. Un chameau, chargé d’orge, formait l’arrière-garde.

Ils allaient en silence. Le vent nocturne gonflait les burnous rouges. Les étoiles, cloutant le ciel, répandaient une lueur pâle qui permettait presque de distinguer les pistes suivies. De longues heures s’écoulèrent dont rien ne coupa la monotonie.

— Les traces sont de plus en plus fraîches, renseigna le moghazni. Nous gagnons sur le fugitif. Il n’a guère plus d’une heure d’avance sur nous, maintenant !

— Alors, il est à nous ! conclut Séguin.

Après un court repos, ils repartirent, toutes leurs forces bandées, animés de la fièvre qui précède les victoires définitives. Soudain, sautant à bas de sa monture, le guide stoppa. Des piétinements humains témoignaient que le fugitif avait fait halte aussi et qu’il avait cherché à savoir s’il était poursuivi. Rassuré, il s’était étendu sur le sable. Les marques qu’il avait laissées étaient aussi révélatrices, aussi parlantes, que si elles eussent été sanglantes.

— Allons, les gars ! encouragea Séguin.

La poursuite devenait de plus en plus difficile. Le désert opposait ses dunes, telles les vagues d’un océan, à la marche du détachement ; c’était l’interminable pente qu’il fallait gravir, en peinant pour atteindre la crête, redescendre pour attaquer, à sa base, une nouvelle dune.

Deux coups de feu saluèrent l’apparition de la patrouille au sommet d’une butte.

— Cela complique l’affaire, constata placidement Séguin. Il a eu le temps de s’armer.

Au bas de la pente, le meurtrier se découpait, minuscule silhouette sur l’horizon nu. D’un saut, il avait quitté sa monture, sans même la barraquer. Et il fuyait à pied,