Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Mais en attendant, je n’ai pas de taule… Pendant que j’étais là-bas, on m’a fauché ma crèche. C’est tout juste si j’ai pu prendre une robe dans mes malles.

Une voix grave près d’elle prononça :

— Bonsoir, Adorata.

Elle se retourna. C’était Max qui venait de s’asseoir au bar, la pipe à la bouche.

— Toi, on peut dire que tu tombes à pic, fit Adorata. Je sors de tôle. J’ai pas de crèche. Passe-moi pour deux ou trois jours la clef de ta piaule. Tu seras chou. Je te revaudrai ça.

Max sourit en la regardant, fouilla dans sa poche, en tira une clef qu’il remit à la fille.

— Tiens. Voilà. Tu sais où c’est.

— Plutôt. Tout Montmartre le sait.

— Bien. Garde-la le temps que tu voudras. Je n’en ai pas besoin pour l’instant… Tu prends un verre ?

— Ce n’est pas de refus.

Quand le barman eut servi, Max reprit :

— Dis-moi ? Adorata, c’est ton vrai nom ?

— Ça fait ballot, hein ? Mais c’est mon nom. Je suis Italienne. Pas de père, bien entendu. Ma mère, je ne sais pas au juste : elle devait faire le tapin à Naples. J’avais quinze piges quand je suis venue à Paris avec un gars. Il m’a laissée tomber.

— Et depuis ?

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? T’en sais aussi long que moi.

Max la regarda curieusement, hocha la tête.