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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Elle n’avait pas peur de la mort, de la mort qui faisait le trottoir quelque part alentour, tout près. Elle n’avait pas peur. Devant l’entraîneuse du Frisco, elle n’avait pas crâné. De toute son âme perverse, elle souhaitait cette rencontre avec l’assassin, elle désirait cette étreinte meurtrière.

Elle remit son manteau, descendit dans la rue.

Sur le pas de la porte, elle jeta à droite et à gauche un coup d’œil. La rue Clauzel était déserte. Personne. Rien que cette nuit humide parcourue de reflets.

Adorata se mit à marcher, s’éloigna.

Elle n’avait pas aperçu Max qui, caché dans une encoignure, l’avait regardée partir avec un étrange sourire, sa pipe éteinte accrochée au coin de la bouche.

 

Vers quatre heures de l’après-midi, le barman du Frisco arrivait au bar complètement vide à cette heure. Sur le seuil, il se heurta à l’entraîneuse noire qui avait abjuré Adorata de ne pas se rendre rue Clauzel.

— Qu’est-ce que tu viens fiche à cette heure ?

— As-tu vu Adorata ?

— Pourquoi veux-tu que je l’ai vue. C’est pas une heure pour elle. Elle viendra faire un tour plus tard.

— Ah ! j’ai peur…