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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

appelée chez une cliente Je commençais à l’examiner, quand, sur la cheminée de la chambre, je vis une photo : celle de mon mari.

— Qui est-ce, demandai-je ?

Et elle, tout gentiment de m’expliquer :

— C’est mon ami, le père de l’enfant qui va naître. Il ne sait pas encore… C’est vous qui ratifierez la bonne nouvelle.

J’ai vu rouge, monsieur. J’étais bafouée. J’étais trompée. J’ai pris dans ma trousse une paire de ciseaux, et j’ai tué cette chair pour laquelle Pierre m’avait trahie. Elle était morte que je frappais encore. Personne n’avait rien entendu. Je suis partie sans qu’on me voit. Mon mari est arrivé peu de temps après, ignorant tout. Il a trouvé sa petite amie le ventre ouvert. L’imbécile, il s’est laissé arrêter sur les lieux mêmes du crime.

Neyrac l’interrompit :

— Quand votre mari est passé en jugement, vous n’avez pas songé à vous dénoncer.

Elle ricana :

— Ma vengeance était plus belle que je ne l’avais rêvée.

Neyrac se tourna vers Pierre Jaumes.

— Que saviez-vous de tout cela ?

— Rien. Lorsque je me suis marié, je pensais être heureux. Ma femme était de dix ans mon aînée : elle exerçait sur moi une domination dont je ne me rendais pas compte exactement. J’étais jeune, la guerre m’avait beaucoup affecté. Je crus me