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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Voyons, expliquez-vous, fit encore Max en pressant son grand pas.

Madame Amandine, les yeux exorbités, la bouche contractée, pointa seulement son parapluie dans la direction de la chambre de Ruby et articula difficilement :

— Là… là…

La porte de la chambre était grande ouverte. Max regarda.

Entièrement nu, le corps de Ruby était renversé sur le lit en désordre. Un bras relevé cachait la face et faisait saillir des seins juvéniles et fiers. Une large blessure déchirait le ventre. On distinguait confusément des chairs rouges et jaunes. Le sang couvrait le corps, et faisait de larges rigoles sur les seins entaillés sauvagement et sur les draps. Ce que du corps le sang n’avait pas pollué était blanc comme un pétale de camélia.

— Tonnerre ! fit Max sur le tuyau de sa pipe.

Il pénétra dans la chambre, s’approcha du lit. Il n’eut pas besoin de toucher le bras pour savoir qu’il n’y avait rien à faire. Ruby était morte.

Des mules tintaient rapidement dans l’escalier.

Deux têtes de femmes, l’une blonde, l’autre brune, les cheveux en désordre, se montrèrent entre le chambranle, se rejetèrent en arrière dans le même cri d’horreur, puis apparurent de nouveau. La curiosité était la plus forte.

C’était les deux belles filles qui avaient interpellé le petit Japonais au bagage perdu. Derrière