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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/83

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Je ne vaux pas mieux que toi. Mais tout de même, il y a pas de sang sur mes mains.

— Tais-toi donc. C’est plein de mouches dans la maison.

— Ah ! Tonio ! Fallait tout de même que tu l’aies dans la peau… Et la tuer comme cela !

Rudement, il la repoussa. Elle alla s’écrouler sur le lit.

— Tonio, cria-t-elle.

Il se jeta sur elle, tenta de la bâillonner de la main.

— Gueule plus fort encore… Tu veux donc me faire poisser.

Elle put dégager sa bouche.

— Tu n’as pas couché ici… C’est avec elle que tu étais, je veux savoir ? insista-t-elle.

— Comme si c’était la première nuit que je passe dehors. Tu ne sais donc pas où je vais.

— Tu n’y as pas été l’autre nuit. C’est avec elle.

Des pas montaient l’escalier.

Tonio replaça sa main sur la bouche de sa femme.

— Vas-tu la boucler ?

Mais elle le mordit en pleine chair. En jurant, il dut retirer sa main.

Elle lui cria :

— Vas-y, Tonio ! Tu peux m’assassiner, moi aussi.

— Ce ne sont pas des choses à dire, madame, articula une voix derrière eux.