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LA MORT FAIT LE TROTTOIR
par Michèle Nicolaï

CHAPITRE PREMIER

— Alors, Ruby, tu es décidée ? demanda Liliane.

Déjà le miroir qui était fixé au mur de la loge n’était pas grand, et la turbulence d’une robe de gaze accrochée à un clou diminuait encore sa dimension.

Pour s’y regarder en même temps, les deux girls devaient donc serrer l’un contre l’autre leurs visages, ce qui accusait leur similitude : mêmes cheveux blonds lisses, mêmes cils longs et bleutés qui élargissaient l’azur de leurs prunelles, mêmes bouches pulpeuses identiquement mordues par le rouge du maquillage. Et si la planchette à fards n’avait pas brisé le miroir à la hauteur de la gorge, on eut pu constater que leurs corps étaient également les mêmes sous la robe verte à reflets d’argent largement ouverte sur la peau également dorée.

Une photographie d’agence clouée au dos de la porte par trois punaises consacrait d’ailleurs l’hal-