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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

un corps comme le mien. Et puis, on flanque mon mari en prison. Il faut que je l’en sorte, pas vrai ?

— Bien sûr, approuva l’autre qui dégourdissait ses jambes et répétait ses claquettes.

— J’ai été voir un avocat, pas une mazette, un grand. Si tu savais la provision qu’il m’a demandée pour s’occuper de l’affaire, tu en resterais au lit une semaine. Et j’ai pas le rond.

La voix de Liliane se fit plus âpre.

— Il me faut du fric, et vite.

— Ils te donnent un bon cachet ici ?

— Des haricots, oui. Mais je peux faire la salle après.

— Oh ! bien alors, tu ne seras pas longue à te rebecqueter.

— Question de veine, ça, ma petite. Et puis, tu sais, ce boulot-là, je comptais bien lui avoir dit adieu. Je m’étais mariée ; j’étais rangée des voitures.

— Enfin, bonne chance, Liliane. Je me sauve. Ça va être à moi.

Liliane enfila sa combinaison.

— Vous n’allez donc pas dans la salle, fit la vieille qui apportait une robe du soir.

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Dame. V’là que vous avez mis votre combinaison à c’te heure. C’est pas pour aller avec cette robe-là.

— Ah ! non, pas ce soir, pas ce soir.