orientaux. Abdul-Kassém, au contraire, ambitieux et positif dans toute l’acception du mot, anxieux d’arriver au pouvoir,
acte du corps, pour entrer dans le culte spirituel (èmèlé rouhâni), acte de l’âme. Le troisième degré est désigné sous la dénomination de (érf), sagesse, science, savoir, mot dont l’agent du verbe est (âréf), qui connaît, qui sait, sage par excellence. Le soufi qui atteint à ce degré, appelé aussi (hezour), présence, est considéré comme inspiré, et ses disciples lui vouent une obéissance aveugle, le vénérant comme (murchéd), docteur dirigeant, car son âme, qui jusque-là habitait la terre, jouit maintenant, dans les célestes plaines, de la présence de la Divinité. Le quatrième degré est appelé (hèkiket), vérité. Il indique que le soufi qui y est parvenu a opéré sa jonction définitive avec la Divinité, et jouit dans sa contemplation extatique de la suprême béatitude.
Cette dénomination de soufi, que se sont donnée ces sectateurs, signifie, selon quelques auteurs orientaux, « sage revêtu d’étoffes de laine. » Cependant, j’ai connu, durant mon long séjour en Perse, grand nombre de personnages professant le soufisme, qui, tout en conservant les apparences de vrais croyants (la doctrine des soufis, de même que celle des chiites, tolère la restriction mentale), se revêtent de belles étoffes de soie ou de cachemire. Je n’ai guère vu que les derviches et les individus appartenant aux classes inférieures qui soient restés fidèles au (khérkéh), manteau de laine. Parmi eux, quelques-uns circulent dans les rues ou voyagent dans les provinces à pied et presque nus, demandant l’aumône au nom de Mohammed aux musulmans, au nom de Jésus et de Marie aux chrétiens, au nom de Moïse aux juifs, affichant ainsi leur indifférence pour toutes les religions.
Cette secte se subdivise en une foule innombrable de branches, distinctes les unes des autres par la dénomination qu’elles se sont donnée ou par certains usages qu’elles ont contractés dans leurs pratiques particulières ; mais, en général, elles s’accordent toutes quant à l’identité du dogme, qui est basé sur le principe absolu de la nécessité de se laisser diriger par un murchéd « chef spirituel » ou « docteur dirigeant, » qui, ayant passé par les degrés voulus du soufisme, est considéré par ses disciples comme tout ce qu’il y a de plus saint, de plus sacré ; et ils lui vouent une vénération qui diffère peu d’un véritable culte.
Les progrès des soufis en Perse ont été réprouvés par les docteurs de l’islamisme comme l’œuvre de l’infidélité voulant se substituer à la religion révélée. Cette réprobation, à laquelle venait se joindre le fanatisme encore vivace des premiers pontifes musulmans, a con-