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Page:Nicolas - Les Quatrains de Khèyam.djvu/68

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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


74

Du feu de mes crimes je ne vois point surgir de fumée[1] ; de personne je ne puis attendre un sort meilleur. Cette main que l’injustice des hommes me fait porter sur ma tête[2], quand je la porte sur le pan de la robe d’un d’entre eux, je n’en obtiens aucun soulagement[3].


75

La personne sur qui tu t’appuies avec le plus de sûreté, si tu ouvres les yeux de l’intelligence, tu verras en elle ton ennemi. Il vaut mieux, par le temps qui court, rechercher peu les amis. La conversation des hommes d’aujourd’hui n’est bonne que de loin.


76

Ô homme insouciant ! ce corps de chair n’est rien, cette voûte composée de neuf cieux brillants n’est rien[4]. Livre-toi donc à la joie dans ce lieu où règne le désordre (le monde), car notre vie n’y est attachée que pour un instant, et cet instant n’est également rien.


77

Procure-toi des danseurs, du vin et une charmante aux traits ravissants de houri, si houris il y a ; ou cherche une belle eau courante au bord du gazon, si gazon il y a, et ne demande rien de mieux ; ne t’occupe plus de cet enfer éteint, car, en vérité, il n’y a pas d’autre paradis que celui que je t’indique, si paradis il y a.

  1. Allusion continuelle à l’endroit des moullahs, qui accusent Khèyam et ses confrères d’irréligion et d’inconvenance à l’égard du Koran. Où est, dit Khèyam, la preuve de mes crimes ? De quelle façon, en présence des secrets de la création qu’il n’est donné à aucun mortel de pénétrer, me convaincrez-vous de mes fautes ? Montrez-moi la fumée du feu des crimes où, selon vous, mon âme se consume, et venez à mon aide, vous qui prétendez posséder la science universelle.
  2. Porter la main sur la tête est un signe de désespoir, d’horreur ou d’épouvante.
  3. Porter la main sur le pan de la robe de quelqu’un est un signe de détresse, de prière, de supplication.
  4. Nous avons fait observer (note 1, quatrain 8) que les astrologues persans, se basant sur le système astronomique de Ptolémée, reconnaissent sept cieux, contenant des planètes. Dans le premier, le plus près de la terre, se trouve le [Texte en persan], la Lune ; dans le second, le [Texte en persan], Mercure ; dans le troisième, le [Texte en persan], Vénus ; dans le quatrième, le [Texte en persan], le Soleil ; dans le cinquième, le [Texte en persan], Mars ; dans le sixième, le [Texte en persan], Jupiter ; dans le septième enfin , se trouve le [Texte en persan], Saturne. Mais outre ces sept cieux, ils en comptent un huitième qui contient toutes les autres étoiles et qu’ils nomment [Texte en persan], le ciel des cieux, et un neuvième, ne contenant aucune étoile, et qui entoure les huit cieux déjà cités. Ils l’appellent [Texte en persan].