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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


94

Le clair de lune a découpé la robe noire de la nuit : bois donc du vin, car on ne trouve pas toujours un moment aussi précieux. Oui, livre-toi à la joie, car ce même clair de lune éclairera bien longtemps encore (après nous) la surface de la terre.


95

N’impute pas à la roue des cieux tout le bien et tout le mal qui sont dans l’homme, toutes les joies et tous les chagrins qui nous viennent du destin ; car cette roue, ami, est mille fois plus embarrassée que toi dans la voie de l’amour (divin).


96

Il n’y a point de bouclier qui tienne contre une flèche lancée par le Destin. Les grandeurs, l’argent, l’or, tout cela ne sert de rien. Plus je considère les choses de ce monde, plus je vois qu’il n’y a de bien que le bien : tout le reste n’est rien.


97

Un cœur qui ne contient pas en soi une abstention complète (des choses d’ici-bas) est à plaindre, car il est tous les jours la proie des regrets. Il n’y a que le cœur débarrassé de soucis qui puisse être joyeux : tout ce qui existe en dehors de cela n’est que sujet de tourment.


98

Celui qui a eu l’intelligence de semer la joie dans son cœur, celui-là n’a pas perdu un seul de ses jours dans le chagrin ; ou il a employé ses facultés à rechercher l’agrément de Dieu, ou il s’est procuré le repos de son âme en prenant dans sa main une coupe de vin.