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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


123

Oh ! que de temps où nous ne serons plus et où le monde sera encore ! Il ne restera de nous ni renommée, ni trace. Le monde n’était pas incomplet avant que nous y vinssions ; il n’y sera rien changé non plus quand nous en serons partis.


124

Ceux dont les pieds ont foulé le monde[1], qui pour s’en approprier les richesses ont arpenté les deux hémisphères, je ne sache pas que ceux-là aient jamais su s’expliquer l’état véritable, la situation réelle des choses d’ici-bas.


125

Ô regret ! le capital (de la vie) nous échappe des mains. Hélas ! bien des cœurs ont été par la mort noyés dans le sang, et personne ne revient de l’autre monde pour que je puisse lui demander des nouvelles des voyageurs partis !


126

Ces nombreux grands seigneurs, si fiers de leurs titres, sont tellement rongés par les soucis et le chagrin que l’existence leur est à charge. Ce qu’il y a de plus plaisant, c’est qu’ils ne daignent pas appeler du nom d’hommes ceux qui ne sont point comme eux esclaves des passions.


127

Cette Roue de si haute structure[2], dont le métier est d’exercer la tyrannie, n’a jamais dénoué pour personne le nœud d’aucune difficulté. Partout où elle a entrevu un cœur ulcéré, elle est venue y ajouter plaie sur plaie.

  1. C’est-à-dire qui l’ont parcouru dans lous les sens.
  2. Le firmament.