Quand je songe au bonheur qu’il nous a procuré
Aussitôt je conclus qu’il doit être adoré :
Mais après combattu d’un mouvement contraire
L’objet que j’ai flatté commence à me déplaire,
Et si quelque devoir m’oblige à le chérir
Je crois baiser la main qui me fera périr.
Délivrez votre esprit de cette fantaisie
Permettez à l’Infante un peu de courtoisie,
Vous aurez son amour, lui sa civilité ;
Cet honneur est un prix qu’il a bien mérité,
Et même vous devez (au moins par complaisance)
De quelque compliments honorer sa présence.
Hé bien (Falante) allons lui rendre ce devoir,
Et vous mes tristes yeux préparez-vous de voir
L’Astre de mon amour, et l’objet de ma crainte ;
Toutefois insolents dedans cette contrainte
Que vos jaloux regards ne me trahissent pas,
Mais lisez en riant l’arrêt de mon trépas.