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tes par le feu sont ineffaçables, de même toutes les actions qu’il produisait, sortant et émanant du brasier qu’il cachait dans son cœur, portaient avec elles un caractère de feu qui s’imprimait dans mon esprit avec tant de profondeur qu’il m’est impossible d’en perdre le souvenir.

Quoique j’aie souvent prié pour le repos de son âme, c’était plutôt par un devoir de reconnaissance que par la persuasion du besoin que je crusse qu’il en eût ; au contraire, j’ai toujours été très convaincu de la sainteté de son âme et je ne doute pas que, quoiqu’il ait été ôté de bonne heure, il n’ait acquis la perfection des personnes les plus consommées en mérites. Si donc il a plu à la divine Majesté de le retirer de ce monde, c’est que son âme lui était si agréable qu’elle a jugé à propos d’anticiper le temps destiné à sa mort, afin de se l’unir plus parfaitement et plus inséparablement. Priez Dieu que je sois un fidèle imitateur des vertus de feu Monsieur Roland, comme je le prie de tout mon cœur de conserver dans votre sainte maison son esprit et le feu tout divin qu’il a allumé si avantageusement.

Je suis avec respect…

TC,4T

Lettre d’une personne de piété engagée dans le monde, sous la conduite de Monsieur Roland : de Mlle Tausière

Monsieur le Théologal portait beaucoup à la mortification intérieure et extérieure, particulièrement à la mort du jugement et de la volonté et des sentiments propres ; c’était assez qu’il connût que l’on avait de l’inclination à quelque chose, tant spirituelle que temporelle, pour ne point permettre de la posséder ; il voulait qu’on ne manquât jamais à l’oraison mentale, et quand on y avait manqué une fois, il la faisait faire deux fois le lendemain ; cela s’entend quand c’était par sa faute ; que l’on s’appliquât (p. 7) à avoir Dieu présent en toutes ses actions et affaires domestiques. J’ai remarqué que les personnes qui voulaient servir Dieu, il les faisait lire tous les quarts d’heure un verset dans l’imitation de Jésus-Christ, parmi les emplois journaliers ; quand on avait parlé dans l’église, il donnait par pénitence de se tenir à la porte et de lécher le pavé avec la langue pour faire amende honorable à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et se tenir comme une criminelle qui ne méritait pas d’entrer plus avant. Quand on avait dit quelque parole un peu trop rude, ou quelqu’autre parole qui faisait peine à quelqu’un, il voulait qu’on s’en humiliât devant la même personne, et quand on y avait manqué, il le faisait faire deux fois. Quand on avait dit quelque parole qui blessait la