Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/24

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des animaux, surtout des bêtes domestiques. Les animaux portent souvent les germes de nos infections et, d’autre part, les pertes que causent les maladies du bétail frappent durement l’économie humaine.

Ne serait-ce pas là une raison suffisante, terre à terre, égoïste, pour que les hommes regardent avec sollicitude les animaux qui les entourent, une raison majeure pour qu’ils fassent trêve à leurs propres discordes et s’unissent fraternellement contre l’ennemi commun. N’avons-nous pas assez de ces misères, de la méchanceté du destin dont nul ne porte la responsabilité pour nous créer des maux nouveaux, inhumains et criminels. Il est banal de penser et de dire qu’avec le prix d’un obus on sauverait bien des vies humaines, qu’avec celui d’un cuirassé on bâtirait et doterait des laboratoires, féconds en découvertes, et que, si les hommes avaient mis à la disposition des savants, le budget de la dernière guerre, ces intelligences pacifiques auraient fait reculer, effacé plusieurs de nos maladies les plus graves. Mais les préjugés, la folie, la perversité des hommes sont tels que, s’ils le pouvaient, ils mobiliseraient nos maux et s’en feraient des instruments de spoliation, de conquête.