Aller au contenu

Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se localiser dans les ganglions voisins du poumon et là, protégé par la résistance énorme des substances de nature cireuse qui constituent son enveloppe, peu dangereux et tenace, il attend, durant des mois ou des années, que le moindre affaiblissement de l’individu qui le porte lui permette de gagner, d’envahir le tissu pulmonaire. Le même microbe peut, de ses premières positions, aller envahir nos os, nos articulations ; il peut en disparaître après un temps variable, y persister toujours ou bien, pris d’une activité subite, violente, tuer en envahissant les méninges.

Le tréponème de la syphilis, après son stade de généralisation dont nous avons parlé, va souvent se localiser dans certains organes. Il y crée des lésions qui ne se révèleront qu’à la distance de plusieurs années et par des symptômes si particuliers qu’on a considéré jusqu’à Fournier les états morbides qu’ils caractérisent : ataxie, paralysie générale, comme des maladies spéciales. Ricord qui a tant fait pour reconstituer dans son ensemble le tableau de la syphilis, oublié depuis la Renaissance, a dit très justement que la syphilis était un drame, employant cette expression dans le sens antique d’action. C’est le plus touffu, le plus complexe des drames.