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vie de prison.

deux parties ; une vingtaine de fables en vers ; un conte dans le genre de Swift , intitulé : l’Armoire : c’était une satire contre la folle ambition et la vie licencieuse des impératrices ; mais je l’ai bientôt après brûlé ; enfin, une Églogue de bergers russes, la pièce peut-être la plus ironique et la plus burlesque que mon cerveau ait jamais enfantée. Tout cela fut écrit, dans l’espace de quatorze mois. Après mon élargissement, j’ai donné ces manuscrits à mes amis le maréchal Potocki et Mostowski ; une partie en est restée aussi entre les mains de madame Dzialynska, et à mon arrivée en Amérique, je n’ai retrouvé dans mes papiers que le brouillon de ma traduction de la Boucle de cheveux enlevée, de Pope[1].

Quelques mois avant ma sortie, Makarow me permit l’usage du crayon et du dessin ; mais n’ayant point la permission d’avoir un canif, j’étais obligé, toutes les fois que le crayon s’émous-

  1. Je me rappelle que le volume de Pope qui contenait ce charmant poëme , me fut envoyé en prison ; on me dit que je ne pouvais le garder que trois jours. Il me prit une envie démesurée de le traduire aussitôt ; je prends mon parti de copier tout le poëme anglais, et de le traduire ensuite d’après ce manuscrit. La version polonaise fut commencée et achevée dans un mois de temps.
    (Note de l’auteur.)