Où y a-t-il de l’innocence ? Là où il y a la volonté d’engendrer. Et celui qui veut créer au-dessus de lui-même, celui-là a pour moi la volonté la plus pure.
Où y a-t-il de la beauté ? Là où il faut que je veuille de toute ma volonté ; où je veux aimer et disparaître, afin qu’une image ne reste pas seulement image.
Aimer et disparaître : c’est ce qui s’accorde depuis des éternités. Vouloir aimer, c’est aussi être prêt à la mort. C’est ainsi que je vous parle, poltrons !
Mais votre regard louche et efféminé veut être « contemplatif » ! Et ce que l’on peut toucher avec des yeux pusillanimes doit être appelé « beau » ! Ô vous qui souillez les nobles noms !
Mais ceci doit être votre malédiction, vous les immaculés qui cherchez la connaissance pure, que vous n’arriviez jamais à engendrer : quoique vous soyez couchés à l’horizon larges et lourds.
En vérité vous remplissez votre bouche de nobles paroles : et nous devrions croire que votre cœur déborde, menteurs ?
Mais mes paroles sont des paroles grossières, méprisées et informes, et j’aime à recueillir ce qui, dans vos festins, tombe sous la table.
Avec mes paroles j’arrive toujours encore — à dire la vérité aux hypocrites ! Oui, mes arêtes, mes coquilles et mes feuilles de houx doivent — vous chatouiller le nez, hypocrites !
Il y a toujours de l’air vicié autour de vous et autour de vos festins : car vos pensées lascives, vos mensonges et vos dissimulations sont dans l’air !