Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    186    


« Tu te mets en colère, chien de feu : donc j’ai raison sur toi !

Et, afin que je garde raison, laisse-moi parler d’un autre chien de feu : celui-là parle réellement du cœur de la terre.

Son haleine est d’or et une pluie d’or, ainsi le veut son cœur. Les cendres et la fumée et l’écume chaude que sont-elles encore pour lui ?

Un rire voltige de lui comme une nuée colorée ; il est hostile à tes gargouillements, à tes crachats, à tes intestins délabrés !

Cependant l’or et le rire — il les prend du cœur de la terre, car, afin que tu le saches, — le cœur de la terre est d’or ! »

Lorsque le chien de feu entendit cela, il ne supporta plus de m’écouter. Honteusement il rentra sa queue et se mit à dire d’un ton décontenancé : « Ouah ! Ouah !" en rampant vers sa caverne. —

Ainsi racontait Zarathoustra. Mais ses disciples l’écoutèrent à peine : tant était grande leur envie de lui parler des matelots, des lapins et de l’homme volant.

« Que dois-je penser de cela ? dit Zarathoustra. Suis-je donc un fantôme ?

Mais cela a dû être mon ombre. Vous avez entendu parler déjà du voyageur et de son ombre ?

Une chose est certaine : il faut que je la tienne plus sévèrement, autrement elle me gâtera encore ma réputation. »