Aller au contenu

Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra (trad. Albert, 1903).djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

Zarathoustra répondit : « Qu’y a-t-il là d’étonnant ? Avec des bossus on peut bien parler sur un ton biscornu ! »

« Bien ! dit le bossu ; et avec des élèves on peut faire le pion.

Mais pourquoi Zarathoustra parle-t-il autrement à ses disciples qu’à lui-même ? »



DE LA SAGESSE DES HOMMES


Ce n’est pas la hauteur : c’est la pente qui est terrible !

La pente d’où le regard se précipite dans le vide et d’où la main se tend vers le sommet. C’est là que le vertige de sa double volonté saisit le cœur.

Hélas ! mes amis, devinez-vous aussi la double volonté de mon cœur ?

Ceci, ceci est ma pente et mon danger que mon regard se précipite vers le sommet, tandis que ma main voudrait s’accrocher et se soutenir — dans le vide !

C’est à l’homme que s’accroche ma volonté, je me lie à l’homme avec des chaînes, puisque je suis attiré vers le Surhumain ; car c’est là que veut aller mon autre volonté.

Et c’est pourquoi je vis aveugle parmi les hommes, comme si je ne les connaissais point : afin que