Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra (trad. Albert, 1903).djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

d’ardent soleil et chez les méchants bien des choses merveilleuses.

Il est vrai que, de même que les plus sages parmi vous ne me paraissaient pas tout à fait sages : ainsi j’ai trouvé la méchanceté des hommes au-dessous de sa réputation.

Et souvent je me suis demandé en secouant la tête : pourquoi sonnez-vous encore, serpents à sonnettes ?

En vérité, il y a un avenir, même pour le mal, et le midi le plus ardent n’est pas encore découvert pour l’homme.

Combien y a-t-il de choses que l’on nomme aujourd’hui déjà les pires des méchancetés et qui pourtant ne sont que larges de douze pieds et longues de trois mois ! Mais un jour viendront au monde de plus grands dragons.

Car pour que le Surhumain ait son dragon, le sur-dragon qui soit digne de lui : il faut que beaucoup d’ardents soleils réchauffent les humides forêts vierges !

Il faut que vos sauvages soient devenus des tigres et vos crapauds venimeux des crocodiles : car il faut que le bon chasseur fasse bonne chasse !

Et en vérité, justes et bons ! Il y a chez vous bien des choses qui prêtent à rire et surtout votre crainte de ce qui jusqu’à présent a été appelé « démon » !

Votre âme est si loin de ce qui est grand que le Surhumain vous serait épouvantable dans sa bonté !

Et vous autres sages et savants, vous fuiriez