Zarathoustra. Viens, compagnon rigide et glacé ! Je te porte à l’endroit où je vais t’enterrer de mes mains. »
Quand Zarathoustra eut dit cela à son cœur, il chargea le cadavre sur ses épaules et se mit en route. Il n’avait pas encore fait cent pas qu’un homme se glissa auprès de lui et lui parla tout bas à l’oreille — et voici ! celui qui lui parlait était le bouffon de la tour.
« Va-t’en de cette ville, ô Zarathoustra, dit-il, il y a ici trop de gens qui te haïssent. Les bons et les justes te haïssent et ils t’appellent leur ennemi et leur contempteur ; les fidèles de la vraie croyance te haïssent et ils t’appellent un danger pour la foule. Ce fut ton bonheur qu’on se moquât de toi, car vraiment tu parlais comme un bouffon. Ce fut ton bonheur de t’associer au chien mort ; en t’abaissant ainsi, tu t’es sauvé pour cette fois-ci. Mais va-t’en de cette ville — sinon demain je sauterai par-dessus un mort. »
Après avoir dit ces choses, l’homme disparut ; et Zarathoustra continua son chemin par les rues obscures.
À la porte de la ville il rencontra les fossoyeurs : ils éclairèrent sa figure de leur flambeau, reconnurent Zarathoustra et se moquèrent beaucoup de lui. « Zarathoustra emporte le chien mort : bravo, Zarathoustra s’est fait fossoyeur ! Car nous avons