ne voulait pas aimer et elle voulait vivre de l’amour.
J’appelle malheureux tous ceux qui n’ont à choisir qu’entre deux choses : devenir des bêtes féroces ou de féroces dompteurs de bêtes ; auprès d’eux je ne voudrais pas dresser ma tente.
J’appelle encore malheureux ceux qui sont obligés d’attendre toujours, — ils ne sont pas à mon goût, tous ces péagers et ces épiciers, ces rois et tous ces autres gardeurs de pays et de boutiques.
En vérité, mois aussi, j’ai appris à attendre, à attendre longtemps, mais à m’attendre, moi. Et j’ai surtout appris à me tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser.
Car ceci est ma doctrine : qui veut apprendre à voler un jour doit d’abord apprendre à se tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser : on n’apprend pas à voler du premier coup !
Avec des échelles de corde j’ai appris à escalader plus d’une fenêtre, avec des jambes agiles j’ai grimpé sur de hauts mâts : être assis sur les hauts mâts de la connaissance, quelle félicité ! —
— flamber sur de hauts mâts comme de petites flammes : une petite lumière seulement, mais pourtant une grande consolation pour les vaisseaux échoués et les naufragés ! —
Je suis arrivé à ma vérité par bien des chemins et de bien des manières : je ne suis pas monté par une seule échelle à la hauteur d’où mon œil regarde dans le lointain.