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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

calomniateurs du monde ; le mal que font les bons est le plus nuisible des maux !

Ô mes frères, un jour quelqu’un a regardé dans le cœur des bons et des justes et il a dit : « Ce sont les pharisiens. » Mais on ne le comprit point.

Les bons et les justes eux-mêmes ne devaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des bons est une sagesse insondable.

Mais ceci est la vérité : il faut que les bons soient des pharisiens, — ils n’ont pas de choix !

Il faut que les bons crucifient celui qui s’invente sa propre vertu ! Ceci est la vérité !

Un autre cependant qui découvrit leur pays, — le pays, le cœur et le terrain des bons et des justes : ce fut celui qui demanda : « Qui haïssent-ils le plus ? »

C’est le créateur qu’ils haïssent le plus : celui qui brise des tables et de vieilles valeurs, le briseur, — c’est lui qu’ils appellent criminel.

Car les bons ne peuvent pas créer : ils sont toujours le commencement de la fin : — ils crucifient celui qui écrit des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles, ils sacrifient l’avenir pour eux-mêmes, — ils crucifient tout l’avenir des hommes !

Les bons — furent toujours le commencement de la fin. —