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AURORE

de votre espèce il faut recommander foncièrement beaucoup de pratique chrétienne, et, de plus, un peu de théorie schopenhauérienne.

161.

La beauté est conforme à l’époque. — Si nos sculpteurs, nos peintres et nos musiciens voulaient saisir le sens de l’époque, il leur faudrait montrer la beauté bouffie, gigantesque et nerveuse : tout comme les Grecs, sous la contrainte de leur morale de la mesure, voyaient et figuraient la beauté dans l’Apollon du Belvédère. Nous devrions, en somme, le trouver laid. Mais les « classicistes » pédants nous ont enlevé toute loyauté !

162.

L’ironie des hommes actuels. — Actuellement c’est la façon des Européens de traiter tous les grands intérêts avec ironie, parce que, à force d’être affairé au service de ceux-ci, on n’a pas le temps de les prendre au sérieux.

163.

Contre Rousseau. — S’il est vrai que notre civilisation est, par elle-même, quelque chose de déplorable : vous avez le choix de poursuivre dans vos conclusions avec Rousseau : « cette civilisation déplorable est cause de notre mauvaise moralité », ou de conclure en arrière contre Rousseau : « Notre