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AURORE

305.

Avarice. — Notre avarice, lorsque nous faisons un achat, augmente avec le bon marché de l’objet, — pourquoi ? Est-ce parce que ce sont les petites différences de prix qui créent le petit œil de l’avarice ?

306.

Idéal grec. — Qu’est-ce que les Grecs admirent en Ulysse ? Avant tout la faculté de mentir et de répondre par des représailles rusées et terribles ; puis d’être à la hauteur des circonstances ; paraître, si cela est nécessaire, plus noble que le plus noble ; savoir être tout ce que l’on veut ; l’opiniâtreté héroïque ; mettre tous les moyens à son service ; avoir de l’esprit — l’esprit d’Ulysse fait l’admiration des dieux, ils sourient en y songeant : — tout cela est de l’idéal grec ! Ce qu’il y a de curieux dans tout cela, c’est que l’on ne sent pas du tout la contradiction entre être et paraître et que par conséquent on n’y attache aucune valeur morale. Y eut-il jamais des comédiens aussi accomplis ?

307.

Facta ! oui Facta Ficta ! — L’historien n’a pas à s’occuper des événements tels qu’ils se sont passés en réalité, mais seulement tels qu’on les suppose s’être passés : car c’est ainsi qu’ils ont produit leur effet. Il en est de même pour lui des héros présu-