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AURORE

étaient en même temps des hommes d’imagination. On a donc attristé la vie de ceux justement qui avaient le plus besoin de sérénité et d’images agréables — non seulement pour leur propre réconfort et leur propre guérison, mais pour que l’humanité puisse se réjouir de leur aspect et absorber en elle le rayonnement de leur beauté. Hélas ! combien de cruauté superflues, combien de mauvais traitements sont venus des religions qui ont inventé le péché ! Et des hommes qui, par ces religions, ont voulu avoir la plus haute jouissance de leur pouvoir !

54.

Les idées sur la maladie. — Tranquilliser l’imagination du malade pour qu’il n’ait plus à souffrir des idées qu’il se fait de sa maladie, plus que de la maladie elle-même, — je pense que c’est quelque chose ! Et ce n’est pas peu de chose ! Comprenez-vous maintenant notre tâche ?

55.

Les « chemins ». — Les chemins que l’on a appelés « les plus courts » ont toujours fait courir à l’humanité les plus grands dangers ; lorsqu’elle apprend la bonne nouvelle qu’un pareil chemin plus court a été trouvé, l’humanité quitte toujours son chemin — et elle perd le chemin.

56.

L’apostat de l’esprit libre. — Qui donc aurait