Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/223

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qui le virent dans toute l’ardeur de son activité, les princes et les femmes quilprirent part à ses projets, moitié avec crainte, moitié avec amour, les différents pays de l’Europe auxquels il appartint temporairement et où il fut pour les arts un juge et une conscience : tout cela se transforma peu à peu · en un écho de sa ’ pensée et de ses efforts incessants vers une production. future. Et quoique cet échec lui revînt souvent sous une A forme confuse et dénaturée, la force prépondérante de la voix formidable qu’il fit résonner qtanl ; de fois dans le monde doit pourtant finir par provoquer un retentissement d’une puissance égale, de telle sorte qu’il ne sera bientôt plus possible de ne pas l’entendre ou de ·, le mal comprendre. Maintenant déjà ce retentissement ébranle les fondements des institutions artistiques de la société moderne ; chaque fois que le souffle de son esprit passait sur ces plantations, tout était ébranlé de ce qui était desséché et ne pouvait résister au Vent. Mais ily a quelque chose qui parle un langage encore plus éloquent que cette inquiétude, c’est ledoute qui, · commence à naître partout : personne ne saurait dire ni où ni quand l’influence de Wagner pourra inopiné· ment se faire jour.

Wagner est tout à fait incapable de considérer le salut de l’art en le détachant de toute autre circonstance, en’bien ou en mal ;’pa1·tout où l’esprit moderne recèle un danger quelconque, sa clairvoyante méfiance découvre aussi unldanger pour l’art. Son imagination i lllq décompose pièce par pièce l’édi( : ice de notre civilisation. et rien ne lui échappe de ce qui est vermoulu bu.construit à la légère ; ài, pe faisant, il découvre des murs