Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/13

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s’aperçoit du reste que, entre ce que le savant allemand appelle sa culture et cette culture triomphante des nouveaux classiques allemands, il n’existe de contradiction que par rapport à la quantité du savoir. Partout où ce n’est pas le savoir, mais le pouvoir, où ce n’est pas l’instruction, mais l’art qui entre en ligne de compte, partout où la vie doit marquer la qualité de la culture, il n’y a aujourd’hui qu’une seule et unique culture allemande — et l’on voudrait prétendre que cette culture aurait été victorieuse de la France ?

Sous cette forme, cette affirmation paraît absolument incompréhensible. C’est précisément le savoir plus étendu des officiers allemands, l’instruction plus grande des soldats allemands, la tactique militaire plus scientifique qui ont été reconnus, comme un avantage décisif, par tous les juges impartiaux et finalement même par les Français. Dans quel sens pourrait-on dire, par conséquent, que c’est la culture allemande qui a été victorieuse, si l’on voulait en séparer l’érudition allemande ? Dans aucun, car les qualités morales de la discipline plus sévère, de l’obéissance plus tranquille n’ont rien à voir avec la culture et distinguaient, par exemple, l’armée macédonienne de l’armée grecque, laquelle était incomparablement plus civilisée. C’est donc se méprendre grossièrement que de parler d’une victoire de la civilisation et de la culture allemandes et cette confusion repose