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Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/164

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aussi facilement que possible pour, ensuite, le mettre de côté et l’expulser de nouveau aussi vite que possible. De là naît l’habitude de ne plus prendre au sérieux les choses véritables, de là naît la « faible personnalité », en raison de quoi ce qui est réel, ce qui existe ne fait plus qu’une mince impression. Pour les choses de l’extérieur on devient, en fin de compte, toujours plus indulgent, toujours plus paresseux et l’on augmente, jusqu’à l’insensibilité à l’égard de la barbarie, le dangereux abîme qui sépare le contenu de la forme, pourvu que la mémoire soit excitée toujours à nouveau, pourvu qu’affluent sans cesse les choses nouvelles, dignes d’être sues, les choses que l’on peut ranger avec soin dans les casiers de cette mémoire.

La civilisation d’un peuple, en opposition avec cette barbarie, a une fois été définie, avec raison me semble-t-il, comme l’unité du style artistique dans toutes les manifestations vitales d’un peuple. Cette définition ne doit pas être mal interprétée, comme s’il s’agissait de l’opposition entre la barbarie et le beau style. Le peuple auquel on attribue une civilisation doit être, en toute réalité, quelque chose de vivant et de coordonné. Il ne doit point diviser misérablement sa culture en intérieure et extérieure, contenu et forme. Que celui qui veut atteindre et encourager la civilisation d’un peuple, atteigne et encourage cette unité supé