viendrait pas à tromper sur la pauvreté et la vulgarité de la mélodie qu’ils chantent. Comment cela peut-il nous disposer favorablement, lorsque nous apprenons qu’une profession de foi, partagée par un grand nombre, est faite de telle sorte que si chacun de ceux qui composent ce grand nombre s’apprêtait à nous la raconter, nous ne le laisserions pas terminer et nous l’arrêterions en bâillant ? Si tu es animé d’une pareille croyance — ainsi nous faudrait-il lui parler — au nom du ciel, ne la révèle pas. Peut-être y eut-il jadis quelques innocents qui cherchèrent en David Strauss un « penseur ». Maintenant ils ont trouvé le « croyant » et ils s’en vont désappointés. S’il s’était tu, pour ce petit nombre, il serait resté le philosophe. Tandis que maintenant il ne l’est plus pour personne. Mais il n’ambitionne plus même les honneurs réservés au penseur ; il veut seulement être un nouveau croyant, et il est fier de sa « foi nouvelle ». En affirmant cette nouvelle foi par écrit, il croit rédiger le catéchisme des « idées modernes » et construire la vaste « route de l’avenir ». De fait, nos philistins ne sont plus craintifs et honteux, ils sont, au contraire, remplis d’assurance jusqu’au cynisme.
Il y eut un temps, lointain à vrai dire, où le philistin était simplement toléré comme quelque chose qui ne parle pas et dont on ne parle pas. Il y eut un autre temps où on lui caressait les rides, le trouvant drôle et aimant à parler de lui. À cause