Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/35

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Le fondateur de religion s’est démasqué, il a construit la nouvelle route commode et agréable qui mène au paradis de Strauss. C’est seulement le carrosse dans lequel vous voulez nous conduire, ô homme modeste, qui ne vous satisfait pas complètement. Vous dites finalement : « Je ne veux pas prétendre que la voiture à laquelle mes chers lecteurs ont dû se confier avec moi réponde à toutes les exigences (p. 367). On s’y sent horriblement cahoté ». Nous y voilà : vous voulez qu’on vous fasse un compliment, galant fondateur de religion ! Mais nous prétendons vous parler franchement. Si votre lecteur se prescrit à lui-même les 368 pages de votre catéchisme religieux, de façon à en lire une page chaque jour de l’année, si donc il les absorbe à très petites doses, nous croyons qu’il finira par s’en mal trouver. Et cela par dépit de voir que l’effet ne se produit pas. Qu’il avale donc de bon cœur ! en en prenant autant que possible d’un seul coup, comme l’exige la prescription de tous les livres d’actualité. Alors la boisson ne fera pas de mal, alors le buveur ne sera pas, après coup, mal à son aise et irrité, mais gai et de bonne humeur, comme s’il ne s’était rien passé, comme si aucune religion n’avait été détruite, comme si l’on n’avait pas construit de voie universelle, comme si l’on n’avait pas fait de confessions. — Voilà ce qui s’appelle un effet salutaire ! Le médecin, le remède et la maladie, tout a été oublié ! Et quel