leur isolement et les réunisse en un lien commun.
La moralité ne vient qu’après la contrainte, bien
plus, elle est elle-même quelque temps encore une
contrainte à laquelle on s’attache pour éviter le
déplaisir. Plus tard, elle devient une coutume, plus
tard encore une libre obéissance, enfin presque un
instinct : alors elle est, comme tout ce qui est dès
longtemps habituel et naturel, liée à du plaisir —
et elle prend le nom de vertu.
Pudeur. — La pudeur existe partout où il y a un « mystère » ; or c’est là une conception religieuse qui avait, aux plus anciens temps de la civilisation humaine, une grande extension. Partout il y avait des domaines limités, dont le droit divin interdisait l’accès, sauf sous certaines conditions : c’était tout d’abord une interdiction toute locale, en ce sens que certains emplacements ne pouvaient être foulés par le pied des profanes et que, dans leur voisinage, ceux-ci ressentaient épouvante et inquiétude. Ce sentiment fut de diverses façons transporté à d’autres objets, par exemple aux rapports sexuels, qui, étant un privilège et un adyton de l’âge plus mûr, devaient être soustraits aux regards de la jeunesse, pour son bien : la garde de ces rapports et leur sanctification étaient l’affaire de plusieurs divinités qui étaient censées placées en