mètre place un crêpe sur la réalité ; il donne lieu à
quelque artifice de langage, à quelque indécision
de pensée ; par l’ombre qu’il jette sur les idées,
tantôt il cache, tantôt il fait saillir. De même que
l’ombre est nécessaire pour embellir, de même le
« sombre » est nécessaire pour éclaircir. — L’art
rend supportable l’aspect de la vie en plaçant dessus le crêpe de la pensée indécise.
L’art des âmes laides. — On trace à l’art des limites trop étroites, si l’on exige que seules les âmes
bien ordonnées, moralement équilibrées, puissent
avoir en lui leur expression. De même que dans
les arts plastiques, de même il y a en musique et
en poésie un artdes âmes laides, à côté de l’art des
belles ames ; et les plus puissants effets de l’art,
briser les âmes, mouvoir les pierres, changer les
bètes en hommes, c’est cet art-là peut-être qui les
a le mieux obtenus.
L’art rend le cœur lourd au penseur. — La force du besoin métaphysique et la peine que la nature trouve enfin à s’en séparer peut se déduire de ce que, dans l’esprit libre encore, quand il a secoué toute métaphysique, les plus hauts effets