ment dans l’action : car il connaît trop de motifs et
de points de vue et par là sa main est peu sûre,
mal exercée. Or quel moyen y a-t-il de le rendre
pourtant relativement fort, au point de pouvoir
au moins se soutenir et de ne pas périr sans effet ?
Comment naît l’esprit fort (der starke Geist) ? C’est
dans un cas particulier le problème de la production
du génie. D’où vient l’énergie, la force inflexible,
la persistance avec laquelle l’individu, contre
la tradition, tâche d’acquérir une connaissance tout
individuelle du monde ?
La production du génie. — L’ingéniosité du prisonnier à chercher des moyens de s’évader, l’utilisation la plus froide et la plus patiente du plus petit avantage, peut enseigner quel procédé emploie quelquefois la nature pour réaliser le génie, — mot que je prie d’entendre sans aucun arrière-goût de mythologie et de religion : elle l’enferme dans un cachot et excite son désir de se délivrer au point le plus extrême. — Ou avec une autre image : un homme qui s’est tout à fait égaré dans sa route en forêt, mais s’efforce avec une énergie non commune d’arriver dans une direction quelconque au plein air, découvre parfois un chemin nouveau, que personne ne connaissait : ainsi se produisent les génies dont on célèbre l’originalité. — On a déjà men-