Aussitôt que la religion, l’art et la morale sont
décrits dans leur origine de façon qu’on puisse se
les expliquer complètement sans recourir à l’adoption de concepts métaphysiques
au début et dans
le cours du chemin, le gros intérêt cesse, qui s’attachait au problème purement théorique de la
« chose en soi » et de l’« apparence ». Car quoi
qu’il en soit : avec la religion, l’art et la morale,
nous ne touchons pas à l’« essence du monde en
soi ». Nous sommes dans le domaine de la représentation, aucune « intuition » ne peut nous faire
avancer. Avec pleine tranquillité, on abandonnera
la question de savoir comment notre image du
monde peut différer si fort de la nature du monde
conclue par raisonnement, à la physiologie et à
l’histoire de l’évolution des organismes et des idées.
Le langage comme prétendue science. — L’importance du langage pour le développement de la civilisation réside en ce qu’en lui l’homme a placé un monde propre à côté de l’autre, position qu’il jugeait assez solide pour soulever de là le reste du monde sur ses gonds et se faire le maître de ce monde. C’est parce que l’homme a cru, durant de longs espaces de temps, aux idées et aux noms des choses comme à des æternæ veritates, qu’il s’est donné cet orgueil avec lequel il s’élevait au-dessus de