une amorce où il doit mordre. C’est ainsi qu’on n’a
besoin, pour gagner beaucoup de personnes à une
cause, que de donner à cette cause le vernis de la
philanthropie, de la noblesse, de la bienfaisance,
du sacrifice — et à quelle cause ne peut-on pas la
donner ! — C’est le bonbon et la friandise de leurs
âmes ; d’autres en ont d’autres.
Contenance à l’égard de l’éloge. — Si de bons
amis louent la nature bien douée, elle se montrera
souvent contente par courtoisie et bienveillance,
mais en réalité cela lui est égal. Son essence particulière est tout à fait nonchalante à cet égard et
par là mal disposée à faire un pas pour sortir du
soleil ou de l’ombre où elle est couchée ; mais les
hommes, par la louange, veulent donner du contentement et ce serait les chagriner que de ne pas
se montrer content de leur louange.
L’expérience de Socrate. — Si l’on est devenu maître en une chose, on est pour l’ordinaire resté par cela même un pur apprenti dans la plupart des autres ; mais on en juge inversement, comme Socrate en faisait déjà l’expérience. Là est l’inconvénient qui rend le commerce des maîtres désagréable.