neur et duels, on peut dire que, si un homme a un
sentiment si vif de ne pouvoir vivre si tel ou tel
dit ou pense telle ou telle chose à son sujet, il a le
droit de s’en remettre à la mort de l’un ou de
l’autre. Sur le fait qu’il est si chatouilleux, il n’y a
pas à discuter ; nous sommes en cela les héritiers
du passé, de sa grandeur aussi bien que de ses
exagérations, sans lesquelles il n’y eut jamais de
grandeur. Si maintenant il existe un canon d’honneur qui fait du sang l’équivalent de la mort, en
sorte qu’après un duel régulier on a la conscience
allégée, c’est un grand bienfait, puisque autrement
beaucoup d’existences humaines seraient en péril. — Une telle institution apprend d’ailleurs aux
hommes à veiller sur leurs expressions et rend le
commerce avec eux possible.
Noblesse et reconnaissance. — Une âme noble se sentira volontiers obligée à la reconnaissance et n’évitera pas anxieusement les occasions où elle s’oblige ; de même, elle sera plus tard à l’aise dans ses expressions de reconnaissance ; tandis que les âmes basses se gardent contre toute obligation, ou plus tard, dans l’expression de leur reconnaissance, sont exagérées et par trop empressées. Ceci se produit du reste aussi chez des personnes de basse extraction ou de situation opposée : une faveur