dent, leur réserve et se montrent tels qu’ils sont —
jusqu’à ce que, à un moment donné, la lumière
qu’ils tenaient sous le nez de leur maître fasse
tomber de façon fort humiliante ses rayons sur
eux-mêmes. — Là où une relation pareille à celle
de maître et d’élève n’a pas lieu, c’est un mauvais
procédé, une affectation vulgaire. Tous les écrivains
ironiques comptent sur cette sotte espèce d’hommes qui se sentent volontiers supérieurs à tous les
autres avec l’auteur, qu’ils considèrent comme l’organe de leur prétention.
— L’habitude de l’ironie
comme celle du sarcasme corrompt d’ailleurs le
moral, elle lui prête peu à peu le caractère d’une
supériorité qui se plaît à nuire : on finit par ressembler à un chien hargneux, qui aurait, outre
l’art de mordre, appris encore l’art de rire.
Prétention. — Il n’y a rien de quoi l’on doive tant se garder que de la croissance de cette mauvaise herbe qu’on appelle prétention et qui nous gâte les moissons les meilleures ; car il peut y avoir prétention dans la cordialité, dans les témoignages de respect, dans la confiance bienveillante, dans la caresse, dans le conseil amical, dans l’aveu des fautes, dans la pitié pour autrui, et toutes ces belles choses éveillent de la répugnance, lorsque cette herbe croît chez elles. Le prétentieux,