petits délits sont commis par beaucoup de geris
en même temps. Chacun d’eux se dit : « Au prix
d’un si petit service, je vivrai mieux, je pourrai
trouver ma subsistance ; par l’absence de tels
petits scrupules, je ne me rendrai pas impossible. »
Comme il paraît moralement presque indifférent
d’écrire ou de ne pas écrire une ligne de plus, et
encore peut-être sans signature, un homme qui
possède de l’argent et de l’influence peut faire de
toute opinion l’opinion publique. Celui qui sait à
ce propos que la plupart des hommes sont faibles
dans les plus petites choses, et qui veut atteindre
par eux ses propres fins, est toujours un homme
dangereux.
Un ton trop haut dans le réquisitoire. — Par le fait qu’une situation critique (par exemple la violation d’une constitution, la corruption et le favoritisme dans des corps politiques ou savants) est dépeinte en traits fort exagérés, cette peinture perd, il est vrai, son action sur les clairvoyants, mais elle n’en agit que plus fort sur les non clairvoyants (qu’une exposition faite avec conscience et mesure aurait laissés indifférents). Or, comme ceux-ci sont de beaucoup en majorité et logent en eux des énergies plus fortes, un plaisir plus impétueux d’agir, cette exagération devient l’occasion d’enquêtes, de châtiments, de promesses, de réor-