Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
HUMAIN, TROP HUMAIN


458.

Esprits dirigeants et leurs instruments. — Nous voyons les grands politiques, et généralement tous ceux qui doivent se servir de beaucoup d’hommes pour l’exécution de leurs plans, se comporter tantôt d’une façon, tantôt d’une autre : ou bien ils choisissent avec beaucoup de recherche et de soin les hommes qui conviennent à leurs desseins et leur laissent alors une liberté relativement grande, sachant que la nature de ces personnes choisies les entraîne justement dans la direction où eux-mêmes veulent les avoir ; ou bien ils les choisissent mal, et même prennent ce qui leur tombe sous la main, mais ils forment de cette argile quelque chose qui sert à leurs fins. La seconde espèce d’esprits est la plus violente, elle exige aussi des instruments plus assujettis ; leur connaissance des hommes est d’ordinaire bien moindre, leur mépris des hommes plus grand que chez les premiers esprits, mais la machine qu’ils construisent travaille communément mieux que la machine qui sort des ateliers de ceux-là.

459.

Nécessité d’un droit arbitraire. — Les juristes disputent si c’est le droit le plus complètement, approfondi par la réflexion ou bien le plus aisé à comprendre qui doit triompher chez un peuple. Le