Novices en philosophie. — Vient-on de recevoir
la sagesse d’un philosophe, on s’en va par les rues
avec le sentiment d’être réformé et devenu un
grand homme ; car on ne trouve que des gens qui
ne connaissent pas cette sagesse, par conséquent
on a sur tout une nouvelle décision inconnue à
proposer : parce qu’on reconnaît un Code, on pense
dès lors pouvoir se poser aussi en juge.
Plaire en déplaisant. — Les hommes qui préfèrent choquer, et par là déplaire, désirent la même chose que ceux-qui veulent ne pas choquer et plaire, seulement à un degré bien plus haut et indirectement, au moyen d’une marche intermédiaire par laquelle en apparence ils s’éloignent de leur but. Ils veulent l’influence et la puissance, et par cette raison montrent leur supériorité, même de manière à causer une impression désagréable ; car ils savent que celui qui enfin est parvenu à la puissance plaît presque en tout ce qu’il fait et dit, et que là même où il déplaît, il a l’air encore malgré tout de plaire. — L’esprit libre aussi, ét de même le croyant, veulent la puissance afin de plaire un jour par elle ; si à cause de leur théorie un mauvais destin, persécution, prison, supplice, les menace, ils prennent plaisir à la pensée que de cette façon leur théorie